L'appel (11)

Publié le par Bob Tazar

Rappel chapitre précédent

Soudain, un fracas de porte défoncée à l’aide d’un instrument contondant, vraisemblablement un pied recouvert d’une rangers et actionné par l’intermédiaire d’un ersatz de cerveau, retenti au bout du couloir. L’appel vient de commencer.
Je jette un coup d’œil au gars Martin, l’un des huit aviateurs de la 210, élu une heure plus tôt chef de chambrée par six voix contre une (la sienne) et une abstention. Il n’a pas l’air dans son assiette.
Cinq minutes plus tard, un autre fracas de porte, plus près de nous cette fois-ci, ébranle le vieux bâtiment. Ils se rapprochent, dirait-on. Plus que quelques minutes d’attente. Des hurlements nous parviennent, rendus inintelligibles non par l’épaisseur des murs mais par la diction approximative de leurs auteurs.
Martin bredouille quelques paroles dans son duvet, son texte ou sa prière, je ne discerne pas bien. Il semble de plus en plus pâle.
Le bruit de bottes reprend, puis stoppe derrière notre porte. Quelques secondes de répit, et une déflagration incroyable en provoque l’ouverture.
Littré apparaît, suivi d’un individu non encore répertorié. Ils font quelques pas en avant, et s’immobilisent au milieu de la pièce. Machinalement, je jette un œil sur les épaulettes du second individu, et note qu’il s’agit d’un caporal. Ça y est, je suis déjà conditionné !
Chacun d’entre nous se trouve au pied de son lit, plus ou moins dans la position du garde à vous, les yeux fixés droit devant, sur le mur d’en face distant de même pas deux mètres. Nous retenons notre souffle, et attendons la tirade du camarade Martin.
Cette dernière tarde un peu à venir, et je sens que le caporal-chef Littré commence –déjà- à marquer de légers signes d’impatience. De ma position, je ne peux voir Martin sans tourner la tête, mais me rends compte que le Littré, presque en face de moi, agite nerveusement son oreille droite à l’aide du battoir boudiné qui lui sert de main, ce qui ne doit pas être bon signe.
Mais Martin ne parle toujours pas. N’y tenant plus, je prends le risque de me tourner vers lui...


Publié dans Chapitre 3

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Les fameuses revues de chambre ou un cérémonial absurde devait être respecté. Cela n’amusait pas les troufions qui mélangeaient le protocole de présentation des « présents absents » de la chambre. Les victimes avaient l’air conditionné par ce triste spectacle. Que va-t-il se passer avec le Littré ?<br />  <br />
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