Bienvenue à la B.A. 114 (3)

Publié le par Bob Tazar

Après une heure d’attente dans un couloir obscur, je me retrouve, accompagné de deux cent quarante neuf alcoolytes, aligné en rang d’oignon au milieu de la cour. Tout le monde est en civil, sacs d’effets personnels au pied, et je dois quand même reconnaître que l’ensemble fait un peu négligé. Mais nous formons indubitablement un échantillon représentatif de la belle jeunesse française de la fin des années 80, ce qui n’est pas rien. Il s’agit de la fournée du mois d’octobre, « la 10 », la meilleure si j’en crois certains commentaires étouffés qui me parviennent. Nous écoutons tous attentivement le discours de bienvenue qui nous est offert par nos futurs instructeurs. L’allocution est brève, réduite à sa plus simple expression, le ton ferme et posé, on sent l’homme de Lettres : 
- Bienvenue à la BA 114 d’Aix-les-Milles, messieurs. Vous faîtes partis de la promo d’octobre 1988, la 88/10, et vous êtes ici pour cinq semaines de classes. Vous serez ensuite affectés dans l’unité de votre choix ou dans celle que l’on vous désignera. Allez récupérer votre paquetage, puis vous monterez dans vos chambres. On viendra vous chercher pour la suite.
Le ton est presque respectueux. Je suis un peu déçu par cette entrée en matière assez plate, je m’attendais à un peu plus de lyrisme !

Au milieu de la foule, j’ai réussi à apercevoir l’homme au tricot marin, toujours aussi peu expressif. Alors que l’ensemble de la troupe est aligné face aux orateurs, dos à la caserne, l’animal se tient à l’envers, regard rivé sur le bâtiment. Ça sent le P4 1 à plein nez…  

 


1 cas psychologique de 4° degré : classification militaire très prisée, réservée aux grands gagas et entraînant la réforme. 


 

Publié dans Chapitre 1

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R
Chapitre 1 section 2<br />  <br /> <br /> L’allocution d’accueil est brève car le cheminement d’un incorporé est long. Bien sûr une arrivée dans un milieu militaire entraîne des traumatismes pour ces jeunes du contingent. Bien vue la référence au SIGYCOP, le P4 bien évidement.<br />  <br />
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